Imaginez que vous avez trouvé l'entreprise parfaite : des produits de qualité, une forte demande, et une rentabilité impressionnante. Cependant, en examinant plus en détail, vous vous rendez compte que la direction profite abusivement de la situation : avantages excessifs, salaires exorbitants, missions de conseil superflues, etc. En conséquence, les bénéfices sont dilapidés et les actionnaires se retrouvent bredouilles.
C'est exactement le problème que la gouvernance d'entreprise cherche à résoudre.
En termes simples, la gouvernance d'entreprise, ou Corporate Governance en anglais, englobe l'ensemble des mécanismes de contrôle et de prise de décision au sein d'une société. Elle implique principalement trois acteurs : le conseil d'administration, la direction exécutive et les actionnaires. En résumé, c'est la relation entre le Conseil d'administration, la Direction et les Actionnaires.
À ce stade, vous vous demandez probablement pourquoi parler d’un tel sujet. Pour moi, il est aussi crucial que l'analyse financière d'une entreprise. Laissez-moi vous expliquer : toute entreprise cotée en bourse doit avoir un conseil d'administration chargé de définir les grandes orientations stratégiques de l'entreprise, en collaboration avec la direction exécutive. Ensemble, ils déterminent ce qui est dans l'intérêt des actionnaires. Il existe trois principales configurations à cet égard, dont l'une est particulièrement avantageuse pour des personnes comme vous et moi.
Cas 1 : Entreprise sans actionnaire majoritaire. Exemple : Unilever.
C'est la situation la moins favorable pour les petits actionnaires, à mon avis. Les membres du conseil d'administration peuvent compromettre l'avenir de l'entreprise tout en prétendant agir dans l'intérêt des actionnaires. Dans ce contexte, il est essentiel de prêter une attention particulière à l'alignement des intérêts entre la direction et les actionnaires, ainsi qu'aux compétences de la direction. Personnellement, je reste à l’écart de ce genre d'entreprise.
Cas 2 : Entreprise avec un manager actionnaire majoritaire. Exemple : LVMH, Berkshire Hathaway, etc.
Dans ce cas, l'actionnaire majoritaire exerce également le contrôle sur la direction exécutive. Les entreprises dans cette configuration ont souvent deux types d'actions : l'une avec des droits de vote importants (par exemple, 1 action pour 50 droits de vote) et l'autre avec peu ou pas de droits de vote (1 action = 1 droit de vote ou nul).
L'avantage de cette structure est que l'alignement entre les intérêts des actionnaires et de la direction est clair. L'actionnaire majoritaire, qui est aussi le manager, nomme les membres du conseil d'administration et prend toutes les décisions cruciales. Il est donc essentiel de s'assurer des compétences de cet actionnaire-manager, étant donné qu'il détient un pouvoir décisionnel central.
Cas 3 : Actionnaire majoritaire non impliqué dans la direction exécutive. Exemple : Dassault Systèmes.
Dans ce type de configuration, l'actionnaire majoritaire siège (Généralement) au conseil d'administration mais ne participe pas aux opérations quotidiennes de l'entreprise. Les membres du conseil peuvent le consulter directement si nécessaire.
Dans ce cas, le propriétaire ne se juge pas lui-même et n'est pas préoccupé par la nécessité de réunir une majorité pour ses décisions. Il peut ainsi s'assurer que les membres du conseil sont choisis pour leurs compétences et leur expertise, et qu'ils apportent une réelle valeur à l'entreprise.
De mon côté, pour une stratégie d'investissement efficace, je privilégie particulièrement les entreprises correspondant aux cas 2 et 3. Le cas 2, où un manager actionnaire majoritaire détient un contrôle étendu, offre une transparence claire dans l'alignement des intérêts entre la direction et les actionnaires, bien que l'évaluation de la compétence du manager reste cruciale. D'autre part, le cas 3, avec un actionnaire majoritaire non impliqué dans la gestion quotidienne, représente un modèle idéal pour moi, car il combine une gouvernance solide avec une direction exécutive indépendante et compétente. Ainsi, ces configurations me permettent de maximiser les opportunités d'investissement tout en minimisant les risques associés à une mauvaise gestion ou à des conflits d'intérêts.